L’accord parfait
Lorsqu’en 1913, Renoir se laisse convaincre par son ami et marchand d’art, Ambroise Vollard (1866-1939), de réaliser des sculptures pour diversifier sa production sur le marché, Aristide Maillol (1861-1944) soumet le nom de son meilleur assistant, le jeune Richard Guino… L’aventure durera quatre ans, orchestrée à distance par Vollard, tandis que Renoir et Guino travaillent en parallèle à la conception d’une vingtaine d’œuvres sculptées.
Ensemble, ils réfléchissent à l’interprétation en volume de compositions peintes ou dessinées par Renoir au cours de sa carrière, que Guino s’emploie à modeler dans l’atelier qu’il occupe chez les Renoir aux Collettes, ou chez lui à Paris.
« D’ailleurs je comprenais très bien ce qu’il désirait, vous savez l’accord était parfait. C’est même extraordinaire n’est-ce pas qu’on puisse réaliser une œuvre comme ça, une œuvre telle, n’est-ce pas […] Au moindre signe, je comprenais ce qu’il voulait. »
Richard Guino, dans Les bonnes adresses du passé : Auguste Renoir, film documentaire de Roland Bernard, 1968 (60 min)
Guino excelle à se fondre dans la manière de Renoir et bientôt leur collaboration évolue, les deux artistes s’accordant sur des thématiques inédites, auxquelles Guino donne ensuite corps. Pourtant, sentant son œuvre lui échapper alors qu’il a cédé leurs droits de vente et d’édition à Vollard, Renoir met fin à l’entreprise en janvier 1918, en recommandant cependant son collaborateur au marchand.
Vous avez dit bronze ?
S’il existe de très nombreuses techniques et matériaux appropriés à la sculpture, Renoir et Guino travaillent sur des œuvres destinées à être éditées en bronze. Matériau ancien, celui-ci permet de tirer, à partir d’un moule, une œuvre en plusieurs exemplaires qui seront considérés comme des originaux. Après avoir esquissé la composition sur papier, le sculpteur travaille ses modèles, généralement en modelant la terre (1) : l’artiste réalise généralement une armature en métal autour de laquelle il travaille la terre en utilisant ses mains mais également des outils pour une plus grande précision. Ce modèle en terre sert ensuite à réaliser un moule en plâtre (2). Cette étape intermédiaire est indispensable au processus complexe de la fonte du bronze (3). Alliage de cuivre et d’étain, le bronze peut être travaillé selon deux procédés : la fonte à la cire perdue et la fonte au sable. Les œuvres en bronze sont réalisées par des artisans d’art spécialisés (Godard, Hébrard, Susse) dont on retrouve généralement le cachet près de la signature de l’artiste et du numéro de série de l’œuvre.